extinction
(latin exstinctio, -onis, de exstinguere, éteindre)
Disparition totale, anéantissement d’une espèce animale ou végétale.
BIOLOGIE
La disparition d’espèces, qu’il s’agisse d’animaux, de végétaux ou de micro-organismes, est un phénomène naturel. En effet, les espèces – comme les organismes – naissent, vivent et meurent, mais leur durée de vie se compte en centaines de milliers ou en millions d’années. L’étude des fossiles le met en évidence de façon récurrente durant la longue histoire de la vie sur la Terre (→ évolution de la vie sur Terre). Par ailleurs, plusieurs épisodes d’extinctions massives (crises biologiques) ont eu lieu depuis l'apparition de la vie sur Terre. C'est par exemple le cas de la crise du crétacé-tertiaire (ou crise K-T), au cours de laquelle les dinosaures ont disparu, il y a 65 millions d’années. Ces crises ont été provoquées par des catastrophes climatiques, géologiques, etc. Aujourd’hui cependant, on assiste à une accélération inquiétante du rythme d’extinction des espèces, qui n’est pas liée à des phénomènes naturels mais directement imputable aux activités humaines.
1. Apparition et extinction des espèces
Une espèce se définit comme un ensemble d’êtres vivants qui se ressemblent et se reproduisent entre eux en donnant naissance à des descendants fertiles. À partir d’une telle communauté, des individus peuvent migrer et former une population isolée de la population d'origine (par exemple par un obstacle géographique comme une montagne). Elle peut alors se différencier suffisamment pour que la reproduction entre ses membres et ceux de la population d’origine ne soit plus possible dans les conditions naturelles. C’est l'un des phénomènes par lequel apparaissent des espèces nouvelles (phénomène de spéciation).
Mais l’évolution des espèces résulte aussi du phénomène d’extinction : en permanence, des espèces disparaissent, libérant des niches écologiques qui peuvent alors être exploitées par de nouvelles espèces. De nombreux facteurs peuvent concourir à l’extinction naturelle d’une espèce : changement climatique, épidémie, cataclysme (chute d'une météorite, activité volcanique particulièrement intense, inversion du champ magnétique terrestre, submersion de portions entières de continents...), compétition accrue avec d’autres espèces, prédation trop importante, etc. Une étroite répartition géographique (espèce endémique, isolée sur une île par exemple) augmente les risques d’extinction.
Si certains genres ou espèces se maintiennent sur de très longues périodes (les cœlacanthes actuels, par exemple, sont semblables à ceux qui vivaient il y a 400 millions d’années), les espèces ont un cycle de vie – apparition, développement, extinction – dont la durée, bien que variable, n’excède pas quelques millions d’années. À ce titre, notre propre espèce, Homo sapiens, apparue il y a environ 200 000 ans, est une « jeune espèce » (homme).
2. Les grandes extinctions de l’histoire de la vie
Les recherches paléontologiques ont révélé que plusieurs phases d’extinction de masse, concernant l’ensemble des écosystèmes de la planète, avaient eu lieu au cours des temps géologiques. On recense actuellement une vingtaine de ces épisodes depuis 500 millions d'années, d’importance variable – dont cinq crises majeures. Ces grandes extinctions se sont traduites par la disparition d’une forte proportion des espèces marines et terrestres en un temps court à l'échelle géologique (qui se compte en milliers ou en dizaines de milliers d’années, au maximum quelques millions d'années). Elles se sont traduites par une réduction majeure de la biodiversité pendant 10 à 15 millions d’années, le temps que le monde vivant « reprenne le dessus » et se réorganise.
Des extinctions de masse marquent les transitions entre les périodes géologiques. Celles de la fin de l’ordovicien (il y a 450 millions d’années environ) et de la fin du dévonien (il y a 370 millions d’années) ont vu disparaître respectivement 85 % et 75 % des espèces. Ensuite vient la crise du permien-trias, qui marque la transition entre le paléozoïque (ou ère primaire) et le mésozoïque (ère secondaire), il y a 250 millions d’années : on estime que 95 % des espèces marines et 70 % des espèces terrestres ont alors disparu. Ses causes sont encore hypothétiques (chute d’astéroïde, grandes variations du niveau des mers, refroidissement du climat, volcanisme). Des groupes d’animaux marins, jusqu’alors très répandus et diversifiés, se sont entièrement éteints. Ce fut notamment le cas des trilobites, arthropodes caractéristiques du paléozoïque.
Au cours du mésozoïque, la crise du trias-jurassique est marquée par l’extinction d’environ 75 % des espèces. Enfin, l’extinction de la fin du crétacé, dernière période du mésozoïque, il y a 65 millions d'années, est la plus connue, car c'est alors que les dinosaures disparurent, ainsi que les reptiles volants (ptérosaures) et les reptiles marins (plésiosaures, ichtyosaures). Ces reptiles très diversifiés régnaient sur la Terre depuis plus de 100 millions d'années. Avec eux, de 60 à 65 % des espèces s'éteignirent, dont une proportion majeure de celles qui composaient le plancton marin, et des groupes entiers de plantes (bennettitales) et, d'invertébrés (ammonites). La chute d’un astéroïde et un volcanisme intense apparaissent comme les causes les plus probables de cette grande crise de la limite crétacé-tertiaire (ou K-T : « K » pour crétacé [Kreide, « craie » en allemand] et « T » pour tertiaire) : les deux phénomènes auraient provoqué l’accumulation durable (pendant plusieurs centaines de milliers d’années !) dans l’atmosphère de masses de poussières empêchant la lumière du Soleil de passer : plus de lumière, plus de photosynthèse donc plus de croissance végétale ; plus de végétaux, et c’est l’effondrement de la majorité des chaînes alimentaires.
3. La situation actuelle : le début d'une sixième extinction
En dehors des phases d’extinction de masse, des espèces s’éteignent continuellement de façon naturelle, tandis que d’autres apparaissent. C'est le principe même de l'évolution. Mais depuis la fin de la dernière glaciation (Würm), il y a 10 000 ans, l’homme a concouru activement à l’extinction d’espèces animales et végétales, par la chasse et la déforestation. Avec le développement des populations humaines et l’aggravation de leur impact sur l’environnement, le rythme des extinctions s’est fortement accru.
La destruction des habitats naturels, l’exploitation des ressources vivantes (pêche, chasse, trafics d’espèces exotiques, exploitation du bois, etc.), la pollution et le réchauffement du climat sont parmi les principaux facteurs actuels de raréfaction et d’extinction des espèces.
L’Union mondiale pour la nature, ou UICN, publie une « Liste rouge des espèces menacées ». Sur près de 45 000 espèces de plantes et d’animaux évaluées selon les critères de la liste rouge 2008, presque 17 000 apparaissent menacées d’extinction. Selon les statistiques de l’UICN, toujours parmi les espèces évaluées, 21 % des mammifères, 37 % des poissons, un tiers des amphibiens et des reptiles, près de 90 % des mousses et plus d’un tiers des gymnospermes sont menacés.
La majorité des espèces menacées vivent dans les régions tropicales (→ climats du monde) d’Amérique, d’Afrique et d’Asie, zones de grande biodiversité, mais où la déforestation est importante.
Près de 1,7 million d’espèces (animales et végétales) ont été recensées et la nature en abrite probablement beaucoup plus, mais l’impact de l’homme se traduit par un tel appauvrissement de la biodiversité qu’un grand nombre d’espèces pourraient s’éteindre avant même d’avoir été décrites.
Selon de nombreux scientifiques, la période actuelle pourrait bien être le début de la sixième extinction massive, qui serait alors imputable aux activités humaines.
Entre 17 000 et 100 000 espèces disparaissent chaque année. Selon les études, si la tendance actuelle se poursuit à l’identique, ce sont entre 15 et 37 % de la totalité des espèces animales et végétales de la planète qui pourraient disparaître d’ici 2050.