Maroc : art
L'art islamique marocain a mis longtemps à acquérir sa personnalité, et quand celle-ci s'affirme, sous les Almohades, il demeure encore très hispanisant, d'où le nom qu'on lui donne souvent d'« hispano-mauresque ». Peu de monuments très anciens subsistent et ceux qui ont survécu (mosquée Qarawiyyin de Fès, mosquée des Andalous) ont été transformés. Plus récents, la Kutubiyya de Marrakech (xiie s.), le minaret inachevé de Hasan, les ouvrages militaires (enceintes et casbah), avec leurs belles portes monumentales (xiie-xive s.), affirment la puissance, sobre et élégante, de l'époque classique. C'est sous les Marinides que les types architecturaux se diversifient, surtout par suite de l'importation de la madrasa. Dans des dimensions plus modestes, ils acquièrent leurs meilleures proportions, et leur décor tend au raffinement : Tlemcen, en Algérie, fournit sans doute le meilleur exemple de cetart, mais ses monuments ne dépassent pas en qualité la medersa Bu Inaniyya de Fès (1350-1357).
À partir du xve s., le Maroc se renferme sur lui-même et ne reçoit que faiblement les influences étrangères. Il se stérilise et donne des signes prématurés de décadence. L'art s'y fait volontiers archaïsant, avec souci du pittoresque et de la préciosité. À Marrakech, redevenu premier centre culturel au xvie s. et dans la première moitié du xviie s. (mosquée Bab Dukkala, medersa d'Ibn Yusuf, tombeau des Sadiens), succède Meknès (minaret de la mosquée Zaituna). Ici et là, les princes mécènes ont à la fois le goût du colossal et du délicat. Ils font édifier de vastes et somptueuses résidences et aménagent de charmants jardins, lointains souvenirs de l'Andalousie.
Comme l'ensemble du Maghreb, le Maroc ne s'est jamais posé en rival de l'Orient pour les arts plastiques et industriels, bien qu'il ait eu des menuisiers de génie (minbar de la Kutubiyya, de la Qarawiyyin et de la mosquée des Andalous, parmi les plus beaux du monde). Pendant un temps aussi, les bronziers ont donné des preuves de leur talent (lustres de mosquées, portes, ainsi celles de la medersa Attarin de Fès, 1342). Seuls ont surmonté l'épreuve du temps les tisseurs qui, jusqu'à ces derniers siècles, ont livré en particulier de beaux lampas à fils d'or. Quant aux céramiques, franches, mais un peu rudes, elles ont un caractère populaire marqué.