Louis David
Peintre français (Paris 1748-Bruxelles 1825).
Salué comme le chef de file du néoclassicisme français et comme l'un des plus grands peintres d'histoire, Louis David incarna pour Eugène Delacroix « un composé singulier de réalisme et d'idéal ». Son œuvre couvre une époque qui englobe la Révolution et l'Empire.
1. La formation à Rome
En 1757, à la mort de son père, le mercier Maurice David, Jacques Louis est élevé par un oncle et orienté vers l'architecture. Mais, rêvant de devenir peintre, le jeune homme obtient finalement de son tuteur de suivre sa vocation.
Celle-ci le conduit à concourir pour le prix de Rome dès 1771 (Combat de Minerve et de Mars). Mais ce n'est qu'à sa quatrième tentative, en 1774, qu'il remporte le premier prix avec Érasistrate découvrant la cause de la maladie d'Antiochus.
Partant pour Rome, David y passe cinq années (1775-1780) qui vont lui révéler la grandeur et la rigueur de l'antique. C'est alors au dessin qu'il se consacre essentiellement, et l'on peut suivre, dans ses carnets de croquis, l'évolution de ses idées esthétiques.
Peu nombreuses sont les peintures que l'on connaît de cette période. La plus ambitieuse, sans doute, est une toile aux réminiscences baroques, les Funérailles de Patrocle (1779).
2. Un manifeste néoclassique
Lorsque David revient en France, en 1780, il a acquis une maturité qui éclate dans son tableau Bélisaire reconnu par un soldat (1781), puis dans celui qui marque son entrée à l'Académie royale de peinture (1784), la Douleur et les regrets d'Andromaque sur le corps d'Hector. L'atelier qu'il ouvre devient un pôle d'attraction pour les jeunes artistes – parmi lesquels Anne Louis Girodet-Triosonet, plus tard, Jean Auguste Dominique Ingres.
En 1784, David retourne à Rome afin d'exécuter in situ son Serment des Horaces, œuvre de commande qui est envoyée au Salon de 1785. Cette toile monumentale, où il affirme la primauté de la ligne sur la couleur et le mouvement, est aussitôt acclamée comme le manifeste du néoclassicisme, qu'illustrent ensuite la Mort de Socrate (1787), Les licteurs rapportent à Brutus le corps de ses fils (1789) et les Amours de Pâris et d'Hélène (ibid.).
3. La fibre révolutionnaire
La Révolution qui survient mobilise le peintre : député à la Convention, membre du Comité de sûreté générale, grand ordonnateur des fêtes et des cérémonies révolutionnaires, il se met au service de la nation.
Lorsqu'il prend ses pinceaux, c'est pour témoigner d'événements tragiques (Marat assassiné 1793 ; Mort du jeune Bara, 1794) ou héroïques (le Serment du Jeu de paume [inachevé]). Il poursuit aussi la brillante carrière de portraitiste commencée avant la Révolution (Lavoisier et sa femme, 1780 ; Madame Trudaine, vers 1790-1791).
Accusé de haute trahison après la mort de Maximilien de Robespierre (1794), David passe sept mois au palais du Luxembourg, transformé en prison. Outre la Vue du Luxembourg, son seul paysage peint, il y conçoit les Sabines (1795-1799), une forme de plaidoyer pour la paix civile.
4. David et le nu
Au lendemain de la présentation publique des Sabines, en 1799, Louis David est attaqué sur la question de la nuditéde ses héros. Il se justifie alors dans une note où il tient tout d'abord à revendiquer sa fidélité aux artistes de l'Antiquité, qui, « en voyant [son] ouvrage, ne [l']eussent pas trouvé étranger à leurs coutumes ».
Un autre argument que David avance tient à sa maîtrise de la composition picturale. L'absence de draperies lui permet toutes les inventions dans les lignes de dessins, les effets de modelés et les jeux de lumière. Pour autant, il ne renonce pas aux accessoires tels que casques, armes et boucliers qui permettent de différencier les figures.
5. La ferveur napoléonienne
Au tournant du siècle, son admiration se porte vers Bonaparte. Il en fait le portrait équestre (le Passage du Grand-Saint-Bernard, 1801 [plusieurs versions]) et devient premier peintre de l'Empereur. Sur les quatre compositions qui doivent commémorer le couronnement de 1804, deux seulement sont exécutées : le Sacre (1805-1807) et la Distribution des aigles (1810).
Époque glorieuse mais sans lendemain, car David, mortifié de ne pas obtenir la direction de l'Académie des beaux-arts, abandonne les fastes de la cour – mais non les portraits, officiels (Napoléon, 1812) ou non (Madame Récamier, 1808), tout en achevant son Léonidas aux Thermopyles (1802-1815).
6. Dernières années en Belgique
Au retour des Bourbons sur le trône, le peintre s'exile en Belgique et ouvre un atelier à Bruxelles. Il consacre ses dernières années à des toiles mythologiques au coloris audacieux (l'Amour et Psyché, 1817 ; Mars désarmé par Vénus et les Grâces, 1824), ne s'interrompant que pour renouer avec son art magistral du portrait.
Son génie pictural, qui le pousse à observer l'homme – et la nature, à travers son goût pour l'antique –, avec une intensité rarement atteinte, ouvre la voie à une nouvelle façon de traduire la pensée en peinture.
7. Citations
« Peindre vrai et juste du premier coup. »
Précepte de Louis David
« Talents perdus pour la postérité ! Grands hommes méconnus ! [...] Votre malheur, illustres victimes, est d'avoir vécu sous des rois, des ministres, des académies. »
Louis David, « Sur la nécessité de supprimer les académies », discours prononcé à la Convention le 8 août 1793