Grèce : population
La Grèce compte aujourd'hui 11,128 millions d'habitants. Les réalités démographiques actuelles de la Grèce s'expliquent autant par son milieu naturel (les régions montagneuses ayant un rôle traditionnel de refuge) que par son histoire politique et économique.
1. D'importants déplacements de population au xxe s.
Jusqu'à la fin du xixe s., les Grecs vivaient dispersés dans le sud des Balkans, en Asie Mineure et autour de la mer Noire, alors que le nord de la Grèce actuelle (Macédoine et Thrace occidentale) comportait une importante population turque. Les déplacements suscités par les guerres balkaniques (crises et guerres des Balkans), puis le vaste échange de populations organisé entre la Turquie et la Grèce en 1923 ont (histoire de la Grèce moderne) homogénéisé la population de ce pays : un million et demi de Grecs expulsés d'Asie Mineure sont ainsi venus repeupler les régions vidées de leur population turque. Toutefois, une petite minorité turque (120 000 personnes) subsiste, aujourd'hui encore, en Thrace occidentale.
Dans les années 1990, enfin, l'éclatement de l'Union soviétique a provoqué l'émigration vers la Grèce de 600 000 Grecs environ, venus principalement des villes portuaires de l'Ukraine et du Caucase.
2. L'émigration
Parallèlement, les régions méridionales ont alimenté, au début du xxe s., un important courant d'émigration vers l'Amérique du Nord, puis les régions septentrionales (Épire, Macédoine, Thrace) ont pris le relais dans les années 1960, en direction de l'Allemagne et de l'Europe du Nord-Ouest. Une nouvelle diaspora grecque s'est ainsi constituée au cours du xxe s. (3 500 000 Grecs aux États-Unis, 300 000 en Allemagne).
Depuis les années 1980, le solde migratoire de la Grèce est devenu positif en raison, d'une part, d'un tarissement de l'émigration, et, d'autre part, de l'accueil sur son territoire d'immigrés originaires d'Afrique du Nord, du Proche-Orient ou d'Europe de l'Est (Albanie, Bulgarie, Ukraine). Comme les autres États de l'Union européenne, la Grèce est désormais une terre d'immigration.
3. Le vieillissement de la population
Autre élément important dans l'évolution démographique de la Grèce, la chute de la natalité et le vieillissement consécutif de la population ont commencé dès le début du xxe s. dans les régions méridionales du pays (Péloponnèse, Grèce centrale, Thessalie, îles de la mer Égée). Dans les années 1920, le taux de natalité était déjà inférieur à 20 ‰. Cette tendance à la baisse s'étant poursuivie et généralisée à l'ensemble du pays, le taux de natalité (11 ‰ en 2010), est égal au taux de mortalité. L'espérance de vie est très élevée (79 ans) et les personnes âgées de plus de 65 ans (19 % de la population) sont aujourd'hui beaucoup plus nombreuses que les jeunes de moins de 15 ans (14 % de la population).
4. Une répartition spatiale très inégale
Sur le plan géographique, la Grèce reste peu densément peuplée, avec une moyenne de 84 habitants par km2, mais sa population est très inégalement répartie.
L'urbanisation s'est accélérée après la Seconde Guerre mondiale (61 % de la population était citadine en 2010) et a généré de nouveaux contrastes et déséquilibres, la montagne étant désormais désertée au profit du littoral et des plaines. Ainsi, les villes d'Athènes (3 240 000 habitants dans l'agglomération, qui inclue le port, Le Pirée) et de Thessalonique (830 000 habitants dans l'agglomération) regroupent, à elles seules, plus de 35 % de la population.
Aux quelques régions de forte croissance démographique, situées dans le triangle Patras-Athènes-Thessalonique, s'opposent de nombreux espaces en déclin, aussi bien des régions de montagne (Épire, Grèce centrale) que des zones littorales (sud du Péloponnèse, Thrace) ou des îles (îles de la mer Égée, îles Ioniennes).
La saturation de l'agglomération athénienne (spéculation immobilière, forte pollution, difficultés de circulation) et le développement du tourisme insulaire ont toutefois infléchi ces tendances. L'île de Crète et les îles du Dodécanèse, moins exposées à l'attraction de la métropole athénienne, ont en revanche connu une croissance démographique régulière.
Les principales villes de Grèce
Les principales villes de Grèce | |||
Ville | Région | Population de la ville (recensement de 2001) | Population de l'agglomération (estimation pour 2010) |
Athènes | Attique | 745 514 habitants | 3 257 000 habitants |
Thessalonique | Macédoine | 837 000 habitants | 363 987 habitants |
Le Pirée | Attique | 175 697 habitants |
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Patras | Péloponnèse | 161 114 habitants |
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Iráklion | Crète | 133 012 habitants |
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Lárissa | Thessalie | 124 786 habitants |
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5. L'urbanisation
L'urbanisation croissante de la population grecque s'est accompagnée d'une rapide progression de la scolarisation : ainsi, en 2003, 101 % des Grecs avaient suivi un enseignement primaire, 97 % un enseignement secondaire et 74 % des études supérieures.
Autre évolution liée à l'urbanisation, le nombre des actifs agricoles a fortement diminué mais demeure néanmoins élevé : ainsi, en 2008, le secteur primaire employait encore 11 % de la population active, le secteur secondaire, 22 %, et le secteur tertiaire, 67 %.
Enfin, le caractère incontrôlé de l'urbanisation a entraîné une mutation des paysages urbains, caractérisée par la densification du bâti et la prolifération de constructions illégales.
Pour en savoir plus, voir les articles géographie physique de la Grèce et activités économiques de la Grèce.