Canada : géographie physique
Le Canada est le pays le plus vaste du monde après la Russie. Les paysages canadiens sont ceux d'un pays nordique : les marques du climat actuel, les traces des périodes glaciaires, l'abondance des eaux courantes, les myriades de lacs, l'immense forêt boréale évoquent la Scandinavie et la Sibérie. Seules les marges méridionales rappellent tantôt l'Ukraine, tantôt l'Europe centrale.
1. Le relief
Le bâti structural comprend d'abord le Bouclier canadien, qui occupe la moitié du territoire. Formé de roches principalement cristallines, stable depuis les derniers mouvements précambriens, le Bouclier canadien est peu élevé et peu accidenté, sauf au nord-est (Baffin, 2 600 m). Il plonge sous les plates-formes sédimentaires (primaires et secondaires), représentées surtout au sud-est (basses terres du Saint-Laurent) et à l'ouest (Prairies, vallée du Mackenzie). Trois séries de chaînes, composées de batholites et de matériaux sédimentaires plissés, souvent métamorphisés, entourent le Canada : le système appalachien, d'âge carbonifère, dans les Cantons de l'Est et les Provinces maritimes (800 m à Terre-Neuve) ; les Cordillères de l'Ouest, mises en place au Crétacé et à l'Éocène, comprenant les Rocheuses (de 3 500 à 4 000 m), des plateaux intérieurs (vers 1 000 m) et les chaînes pacifiques (de 4 000 à 4 500 m, 6 050 m au mont Logan, un des points culminants d'Amérique) ; enfin les montagnes innuitiennes de l'archipel arctique, d'âge calédonien et alpin (3 000 m dans le nord d'Ellesmere).
1.1. Le Bouclier canadien
Le Bouclier canadien, peu élevé au sud-ouest, dépasse 1 500 et même 2 000 m d'altitude au nord-est, où il domine la mer de façon abrupte. Composé de roches cristallines précambriennes, il porte les traces du façonnement glaciaire.
1.2. La Cordillère
À l'ouest du Bouclier, une plate-forme sédimentaire s'élève par paliers, vers la Cordillère jusqu'à plus de 1 000 m d'altitude ; les basses terres laurentiennes constituent une plate-forme semblable. La Cordillère se divise en trois parties : à l'est, les montagnes Rocheuses (3 954 m au mont Robson) ; au centre, des plateaux (du Yukon, de Colombie) et des montagnes (Selkirk, Purcell) ; à l'ouest, les montagnes côtières découpées de fjords (comme les îles pacifiques), et qui portent le point culminant du Canada (6 050 m au mont Logan). À l'est, le système appalachien ne prend que localement l'allure de montagne dans la région atlantique (1 311 m en Gaspésie).
1.3. L'archipel Arctique
Quant à l'archipel Arctique, il comprend des plaines et plateaux au sud-ouest (Banks, Victoria) et de hautes montagnes au nord-est (Ellesmere), en partie couvertes de gigantesques glaciers.
Les principales îles du Canada
Les principales îles du Canada | ||
Île | Superficie | Province |
Île de Baffin | 507 451 km2 | Nunavut |
Îles de la Reine-Élisabeth | ||
Ellesmere | 196 236 km2 | Nunavut |
Devon | 55 247 km2 | Nunavut |
Axel Heiberg | 43 178 km2 | Nunavut |
Melville | 42 149 km2 | Territoires du Nord-Ouest |
Bathurst | 16 042 km2 | Territoires du Nord-Ouest |
Prince Patrick | 15 848 km2 | Territoires du Nord-Ouest |
Ellef Ringnes | 11 295 km2 | Nunavut |
Cornwallis | 6 995 km2 | Territoires du Nord-Ouest |
Amund Ringnes | 5 255 km2 | Nunavut |
Mackenzie King | 5 048 km2 | Territoires du Nord-Ouest et Nunavut |
Borden | 2 794 km2 | Territoires du Nord-Ouest et Nunavut |
Cornwall | 2 358 km2 | Nunavut |
Eglinton | 1 541 km2 | Territoires du Nord-Ouest |
Graham | 1 378 km2 | Nunavut |
Lougheed | 1 308 km2 | Nunavut |
Byam Martin | 1 150 km2 | Nunavut |
Île Vanier | 1 126 km2 |
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Cameron | 1 059 km2 |
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Îles de l'Arctique au sud des Îles de la Reine-Élisabeth mais au nord du cercle polaire arctique | ||
Victoria | 217 291 km2 | Territoires du Nord-Ouest et Nunavut |
Banks | 70 028 km2 | Territoires du Nord-Ouest |
Prince of Wales | 33 339 km2 | Nunavut |
Somerset | 24 786 km2 | Nunavut |
King William | 13 111 km2 | Nunavut |
Bylot | 11 067 km2 | Nunavut |
Prince Charles | 9 521 km2 | Nunavut |
Stefansson | 4 463 km2 | Nunavut |
Richards | 2 165 km2 |
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Air Force | 1 720 km2 | Nunavut |
Wales | 1 137 km2 |
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Rowley | 1 090 km2 | Nunavut |
Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut au sud du cercle polaire arctique | ||
Southampton | 41 214 km2 | Nunavut |
Coats | 5 498 km2 | Nunavut |
Mansel | 3 180 km2 | Québec |
Akimiski | 3 001 km2 |
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Flaherty | 1 585 km2 |
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Nottingham | 1 372 km2 |
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Resolution | 1 015 km2 |
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Pacifique | ||
Vancouver | 31 285 km2 | Colombie-Britannique |
Graham | 6 361 km2 | Colombie-Britannique |
Moresby | 2 608 km2 | Colombie-Britannique |
Princess Royal | 2 251 km2 | Colombie-Britannique |
Pitt | 1 375 km2 | Colombie-Britannique |
Côte de l'Atlantique et golfe du Saint-Laurent | ||
Terre-Neuve | 108 860 km2 | Terre-Neuve-et-Labrador |
Golfe du Saint-Laurent | ||
Cap-Breton | 10 311 km2 | Nouvelle-Écosse |
Anticosti | 7 941 km2 | Québec |
Prince-Édouard | 5 620 km2 | Île-du-Prince-Édouard |
Baie de Fundy | ||
Grand Manan | 137 km2 | Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse |
2. Le climat
2.1. Les climats froids dominent dans la majeure partie du Canada
Le climat est de plus en plus rude vers le Nord au-delà du 50° parallèle, sur le Bouclier à l'Est, dans les montagnes Rocheuses à l'Ouest.
2.2. Le climat de l'archipel arctique
Le climat de l'archipel arctique est polaire : absence d'été, hivers très froids, peu de neige (Alert Point : moyenne de 4 °C en juillet ; moyenne de – 33 °C, minimum moyen de – 37 °C et minimum absolu de – 53 °C en janvier) ; « sécheresse arctique » : 138 mm.
2.3. Le climat subarctique de la vallée du Mackenzie et du corps principal du Bouclier
La vallée du Mackenzie et le corps principal du Bouclier sont soumis au climat subarctique : deux mois d'été ont une moyenne supérieure à 10 °C (13,5 °C à Aklavik et 12,8 °C à Schefferville en juillet) avec quelques jours chauds. Les hivers sont longs et rigoureux (moyenne de – 25 à – 30 °C en janvier), avec peu de neige dans le Nord-Ouest, mais beaucoup de neige et de violentes tempêtes en Ungava-Labrador. Les plateaux intérieurs de Colombie et du Yukon ont un climat tempéré de montagne au sud (– 5 °C en janvier ; de 20 à 22 °C en juillet) et un climat polaire de montagne au nord (de – 15 à – 20 °C en janvier, de 12 à 15 °C en juillet ; minimum absolu de – 63 °C à Snag en février 1947). A l'abri des chaînes pacifiques, ils sont peu arrosés.
2.4. Le climat de la côte pacifique
La côte pacifique est plus tempérée (façade occidentale) que la côte atlantique (façade est). La côte pacifique est toujours libre de glace. Le sud-ouest de la Colombie-Britannique bénéficie d'un climat tempéré maritime. Vancouver n'a ni hiver froid (3,1 °C en janvier), ni été chaud (18 °C en juillet), mais a beaucoup de pluies (1 329 mm). Ce climat doux est limité par les reliefs. Ceux-ci reçoivent de grandes quantités de pluie ou de neige selon la saison (20 m de neige à 2 000 m, au-dessus de Kitimat). Il y a aussi des climats d'abri, secs et chauds en été (Okanagan).
2.5. Le climat de la côte atlantique
La façade orientale est bordée par le courant du Labrador : les étés sont frais ou froids (16 °C en août à Saint-Jean [Terre-Neuve]) ; les hivers sont atténués par les invasions occasionnelles d'air atlantique (– 4,5 °C à Saint-Jean et – 3 °C à Yarmouth en février).
2.6. Les climats continentaux des basses terres du Québec et de l'Ontario et des Prairies
Deux climats continentaux se partagent les marges méridionales de l'intérieur. Les basses terres du Québec et de l'Ontario ont, avec des différences notables selon la latitude, des hivers froids (– 11 °C à Québec et – 4 °C à Toronto en janvier), des étés frais au nord (environ 18 °C en juillet), chauds au sud (de 21 à 22 °C), mais avec des coups de chaleur extrêmes associés à un air saturé d'humidité ; les précipitations sont abondantes (de 700 à 1 000 mm), avec un maximum pluviométrique en été et de fortes chutes de neige au nord de Montréal. Les côtes du Labrador et partiellement le golfe du Saint-Laurent sont occupés par la banquise et les glaces de dérive pendant 4 à 6 mois.
Les Prairies ont un climat continental excessif, caractérisé par l'aridité, surtout au sud-ouest (de 350 à 400 mm), des étés frais (de 17 à 19 °C) et surtout des hivers très rigoureux (moyenne de – 15 à – 20 °C, minimum moyen de – 22 à – 27 °C et minimum absolu de caractère polaire, de – 49 à – 52 °C pour le mois le plus froid).
3. Les traces des grandes glaciations
Le Canada tout entier a été recouvert par les inlandsis pléistocènes, sauf peut-être une partie du Yukon. Les traces des anciennes glaciations comprennent des formes de raclage, principalement sur le Bouclier, où se présentent de vastes espaces de roches nues, modelées en cuvettes lacustres et en bosses. Lors de la déglaciation se sont déposés des milliers d'eskers, longs de dizaines ou de centaines de kilomètres, qui forment des remblais naturels dans un paysage de lacs et de tourbières (les routes les utilisent souvent). Les stationnements des glaciers sont marqués par des moraines, par exemple dans les Prairies et le sud du Bouclier ; ces moraines ont retenu des lacs temporaires, dont les alluvions fines ont fourni de bonnes terres de colonisation (Clay Belts de l'Abitibi et de l'Ontario, sud du Manitoba). Les montagnes de Colombie et du Labrador sont découpées de vallées glaciaires qui, jalonnées de lacs profonds et allongés, se terminent en fjords dans la mer. Des cirques échancrent les sommets isolés (Labrador, chaîne Pacifique).
A la lisière des inlandsis en retraite, le sol, exposé au froid, a gelé en profondeur jusqu'à 100 ou 200 m en formant un pergélisol. Les matériaux meubles et perméables sont transformés en un ciment glacé. Il ne dégèle en été que sur une tranche de 20 à 50 cm ; dans les alluvions argileuses le mollisol n'est qu'une mer de boue dans laquelle les véhicules s'enlisent. Tout le Canada, au nord d'une ligne Dawson - Grand Lac des Esclaves - Fort Severn - Povungnituk - Chimo - Hebron, repose sur le pergélisol et connaît le mollisol en été.
Vestiges des appareils quaternaires, des glaciers subsistent dans les Rocheuses (Glacier National Park) et dans les chaînes pacifiques de Colombie et du Yukon à la faveur de précipitations abondantes ; dans l'Arctique oriental, le froid rigoureux, plus que l'alimentation nivale, entretient des calottes sur les plateaux de Baffin et de l'île Devon, tandis que la plus grande partie d'Ellesmere est noyée sous un puissant complexe glaciaire.
4. L'hydrologie
4.1. Les cours d'eau
Les cours d'eau, alimentés surtout par la fonte de la neige au printemps, avec l'appoint éventuel de la fonte glaciaire en été, des pluies d'été, de l'eau du mollisol, ont un régime nival de plaine en général, nivo-glaciaire pour ceux de Colombie et du Yukon, et un débit puissant.
Le Saint-Laurent a un débit moyen de 6 500 m3/s (qui peut s'élever à plus de 9 000) dans la section des Mille-Iles ; le Niagara débite 5 000 m3/s ; le fleuve Columbia, à la frontière américaine, transporte 2 700 m3/s en moyenne, mais il peut en écouler 15 000 ; à la sortie du lac Saint-Jean, le Saguenay peut débiter 9 000 m3/s au printemps. Le Mackenzie, la Nelson, la Koksoak ont des débits du même ordre ou supérieurs.
Tous ces cours d'eau subissent les effets de l'hiver canadien. L'embâcle frappe d'abord les plus petits et les plus au nord, dès la fin d'octobre dans le nord de l'Ungava, à la fin de novembre dans le sud du Bouclier. La débâcle présente les mêmes traits que celle des fleuves sibériens pour les tributaires de l'océan Arctique et de la baie d'Hudson : l'amont dégèle avant l'aval, ce qui provoque des inondations de grande ampleur ; la débâcle a lieu au début de mai au sud, de la mi-mai à la fin de mai dans la région subarctique, en juin dans l'extrême Nord.
4.2. Les lacs
Héritage de l'action glaciaire, les lacs sont innombrables. Eux aussi sont soumis au cycle annuel de la prise par les glaces : celles-ci peuvent ne pas disparaître au cours de l'été dans le nord du Subarctique. L'embâcle des eaux stagnantes se place en septembre dans l'extrême Nord, en octobre ou en novembre, selon la latitude, dans le Subarctique, aussi tard que janvier dans le sud-ouest de l'Ontario. Symétriquement, le dégel est définitif au début d'avril dans cette dernière région, à la fin de juillet à la frange de l'Arctique.
5. La végétation et les sols
5.1. La forêt boréale
La plus grande partie du Canada est couverte par la forêt boréale, improprement appelée forêt à conifères, car ceux-ci ne sont pas exclusifs. À sa limite méridionale, les feuillus des pays tempérés sont encore nombreux. Dans sa partie principale, domaine de la forêt exploitée, quatre espèces dominent, l'épinette noire (Picea mariana), le sapin baumier (Abies balsamea), le tremble (Populus tremuloïdes) et le bouleau blanc (Betula papyrifera), auxquelles s'ajoutent divers pins dans les endroits secs et des mélèzes dans les lieux humides. La formation est encore dense, mais il s'agit souvent d'une forêt secondaire (après coupe ou incendie) d'arbres de petite taille. Vers le nord, la forêt boréale s'ouvre de plus en plus, puis ne se maintient que dans les vallées abritées ; des clairières naturelles de plus en plus grandes et bientôt tous les interfluves sont occupés par la toundra (on appelle toundra boisée ou parc hémiarctique cette zone de transition).
5.2. La toundra
La toundra proprement dite comprend surtout des lichens (cladonia, improprement appelée mousse à caribou), des mousses et, dans les sites abrités de sa partie sud, des arbres nains.
5.3. Les tourbières
La forêt boréale et la toundra sont trouées d'innombrables tourbières à sphaignes et à carex, qui prennent souvent un aspect curieusement cordé ou réticulé, bien visible sur les photos aériennes ; ce sont des lacs glaciaires en voie de colmatage.
5.4. La forêt des Rocheuses
A l'ouest, la forêt boréale passe à la forêt des Rocheuses et des plateaux intramontains (des espèces différentes y représentent les genres Picea, Abies, Pinus). La forêt pacifique est célèbre par ses arbres géants, notamment le sapin Douglas (Pseudo-tsuga taxifolia) et l'épinette d'Engelmann (Picea engelmanni), le cèdre rouge de l'Ouest (Thuja plicata) et la pruche de l'Ouest (Tsuga heterophylla), dont les plus grands atteignent 50 ou 60 m.
5.5. La forêt mixte et la forêt tempérée
Dans la région laurentienne et acadienne, la forêt boréale est remplacée par une forêt mixte et, dans l'extrême sud de l'Ontario, par la forêt décidue tempérée.
5.6. La forêt de trembles et les Prairies
Dans les plaines de l'Ouest, une forêt ouverte de trembles (Aspen grove ou parc) forme transition entre la forêt boréale et les Prairies. Celles-ci sont une steppe de graminées naturelles de grande taille à la lisière nord, mais de petite taille et en formation discontinue dans le Sud, aride.
6. Les sols
Les sols qui ont été épargnés par les glaciers ou se sont reconstitués après leur départ sont généralement médiocres ; le climat froid et humide ainsi que la composition partiellement résineuse de la forêt boréale ont donné naissance à des podzols. Dans la forêt acadienne et laurentienne, grâce à la prédominance des feuillus et à un été plus long et plus chaud, des sols bruns ou gris-brun ont pu se développer. Dans les Prairies, les sols bruns de la prairie rase font place aux sols brun foncé et, dans le parc, à hautes graminées et à feuillus, aux sols noirs, qui sont les meilleures terres agricoles du Canada.
Pour en savoir plus, voir les articles population du Canada et activités économiques du Canada.