Brésil : musique
Le très riche folklore musical du Brésil a trois origines : l'héritage des Indiens, encore incomplètement exploré, laprésence du Portugal dès 1500 et l'élément noir résultant de deux siècles d'immigration africaine, ce dernier étant le plus important dans le domaine rythmique. Ce n'est cependant pas avant la fin du xixe siècle que les compositeurs brésiliens ont trouvé dans le folklore une source d'inspiration, exploitant ses danses caractéristiques (cateretê, batuque, conga, maxixe, xangôou samba) et la couleur particulière de ses mélodies (modinhas) liée à la nostalgique saudade portugaise. Car, depuis les premières décennies de la période coloniale, les jésuites avaient créé une activité musicale, assurant l'enseignement et révélant l'essentiel des productions européennes que les premiers créateurs autochtones prirent systématiquement pour modèles. Après Marcos Portugal (1762-1830), J. Mauricio Nunes Garcia (1767-1830) et Henrique Alves de Mesquita (1838-1901), Antonio Carlos Gomes (1836-1896) fut célèbre hors des frontières de son pays grâce à ses opéras (Il Guarany, notamment, créé à la Scala de Milan en 1870), influencés, comme ceux d'Enrique Oswald (1852-1931) par Verdi, alors que Leopoldo Miguez (1850-1902) et plusieurs autres compositeurs dramatiques tenteront une adaptation des procédés wagnériens. La recherche d'un style typiquement national sera l'œuvre d'Alexandre Levy (1864-1892), Alberto Nepomuceno (1864-1920), Francisco Braga (1868-1945) et Barroso Neto (1881-1941), aidés par le folkloriste Luciano Gallet (1891-1931) et suivis, dans ce sens, par le plus illustre des compositeurs brésiliens, Heitor Villa-Lobos (1887-1959). Les références aux éléments caractéristiques de la musique populaire, liées aux influences des différentes écoles européennes, sont à l'origine d'un style qu'on trouvera encore chez Francisco Mignone (1897-1986), Oscar Lorenzo Fernández (1897-1948), Brasílio Itiberê (1896-1967), Eleazar de Carvalho (1912-1996), Camargo Guarnieri (1907-1993), Radamés Gnatalli (1906-1988) et Luís Cosme (1908-1965). Réciproquement, bon nombre de compositeurs de la génération suivante s'évaderont de la veine folklorique et le mouvement « Música Viva », fondé en 1939 par l'Allemand H. J. Koellreutter (1915-2005) comprendra une majorité de dodécaphonistes : Guerra Peixe (1914-1993), Cláudio Santoro (1919-1989), Eunice Catunda (1915-1990) ou Enrique Krieger (né en 1928). L'avant-garde de la musique brésilienne est aujourd'hui représentée par Marlos Nobre (né en 1939), Carlos Roqué Alsina (né en 1941), Jorge Antunes (né en 1942) et José Antonio Almeida Prado (né en 1943).