Auguste Renoir
Peintre français (Limoges 1841-Cagnes-sur-Mer 1919).
De tous les maîtres de l'impressionnisme, Auguste Renoir est celui qui représenta la figure humaine et le bonheur de vivre dans le plus grand nombre d'œuvres. Usant d'une palette exquise, il rendit un vrai culte à la sensualité dans ses portraits et dans ses nus féminins.
1. Apprentissages
Fils d'un tailleur de pierre et d'une couturière, établis à Paris en 1845, Auguste Renoir est placé en apprentissage dans un atelier de décoration de porcelaines (entre 1854 et 1858), tout en suivant des cours du soir de dessin.
Reçu en 1862 à l'École des beaux-arts, il a pour professeur le peintre suisse Charles Gleyre (1806-1874), dont il fréquente aussi l'académie privée ; il y rencontre Claude Monet, Alfred Sisley, Frédéric Bazille, qui lui font partager leur admiration pour Eugène Delacroix, Gustave Courbet, Camille Corot et plus encore pour Édouard Manet.
2. Les premiers portraits
Bientôt arrivent les premières commandes de portraits, qui seront le support financier de toute sa carrière.
Tantôt admis, tantôt refusé au Salon, Renoir connaît un certain succès à l'occasion de celui de 1868 avec Lise à l'ombrelle . En compagnie de Monet, il se rend aux bains de la Grenouillère, sur la Seine, et s'adonne à l'étude des reflets d'eau qui le conduiront à l'impressionnisme. En 1870, il expose la Baigneuse au griffon et l'Odalisque – ce dernier tableau étant celui qui atteste le plus l'influence de Delacroix.
3. La plénitude impressionniste
Après avoir été refusé aux Salons de 1872 et de 1873, année de son Allée cavalière au bois de Boulogne, dont les ombres sont jugées trop bleues, Renoir prend activement part à l'organisation de la première exposition impressionniste (1874), où il présente avec succès la Danseuse et la Loge. Depuis 1872, le marchand d'art Paul Durand-Ruel s'intéresse à lui. De plus, Émile Zola et plusieurs critiques commencent à le défendre.
Dès 1876, Renoir applique au portrait les principes des impressionnistes, tout en demeurant un maître des jeux de lumière. Cette année-là, il loue à Montmartre un atelier d'où sortiront des scènes d'intérieurs ou d'extérieurs, de cafés, de jardins, de bords de Seine, qui seront autant de chefs-d'œuvre, tels le Bal du Moulin de la Galette et la Balançoire. C'est aussi l'année où il est introduit dans le brillant salon de Georges Charpentier (1846-1905), l'éditeur des naturalistes ; il se sent alors attiré par la vie mondaine.
En 1879, le grand portrait de Mme Charpentier et ses enfants est bien accueilli au Salon. Mais, l'année suivante, Renoir est forcé de constater que sa Jeune Fille au chat et ses Pêcheuses de moules à Berneval ne soulèvent pas l'enthousiasme.
4. L'art en famille
En 1881, avec le Déjeuner des canotiers, point d'orgue de cette période, il rend hommage au peintre Gustave Caillebotte, le premier mécène des impressionnistes, ainsi qu'à celle qu'il épousera en 1890, Aline Charigot (1859-1915).
Auguste et Aline (qui a dix-huit ans de moins que lui) se sont rencontrés en 1879. Lorsqu'ils se marient en 1890, leur fils Pierre (1885-1952) était déjà né ; naissent ensuite Jean (1894-1979) et Claude, dit Coco (1901-1969).
Aline est le modèle préféré de son mari. Elle apparaît dans une quinzaine de tableaux, dont trois Maternité (1885-1886) – la deuxième étant à l'origine de la sculpture intitulée Mère et enfant (1916), où elle est représentée allaitant Pierre.
Si chacun des garçons, également, pose pour son père, aucun ne devient peintre. Tous les trois ont en commun le cinéma. Pierre Renoir embrasse une carrière d'acteur et tourne dans plus de soixante films. Jean Renoir devient le grand réalisateur que l'on sait. Claude Renoir se lance dans le métier de producteur : il est, , notamment, celui du film la Règle du jeu (1939), mis en scène par son frère Jean. Par ailleurs, Claude procède au recensement des peintures de son père et en devient le principal expert.
5. La période « aigre »
En 1881 encore, Auguste Renoir séjourne en Algérie, d'où il rapporte des portraits de femmes et des paysages aux couleurs vives.
À la fin de cette même année, c'est en Italie qu'il part en voyage avec sa femme. Il passe par Milan et Venise, puis visite Florence, Rome, Naples et la Sicile. L'éblouissement que lui apporte Raphaël et son admiration pour les fresques de Pompéi se reflètent dans sa Baigneuse au bord de la mer.
Représenté par vingt-cinq toiles à la septième exposition impressionniste (1882), Renoir entre cependant dans une période de crise esthétique dont témoignent les Parapluies (1883). Au cours de cette période dite « aigre », ou « ingresque » – en référence aux études qu'il a faites sur Jean Auguste Dominique Ingres –, il se décide à changer de manière. Il continue à privilégier la figure humaine (la Danse à la ville, 1883), tout en s'intéressant aux paysages et aux marines. Un dessin plus aigu, des touches plus lisses caractérisent les Grandes Baigneuses (1887), qui sont inspirées d'un bas-relief de François Girardon et précédées d'un grand nombre d'études.
6. La retraite méditerranéenne
Dès l'automne de 1888, Renoir connaît une nouvelle phase de découragement, due aux premières atteintes d'arthrite. Il détruit de nombreux tableaux et opte pour une manière, dite « nacrée », où dominent les blancs et les roses en demi-teintes.
Toute une série de nus, intitulés Baigneuses, et de Jeunes Filles (au piano, lisant, se promenant) en est l'illustration. Puis ce sont les scènes que lui inspirent ses enfants et la jeune femme qui les garde, Gabrielle, qui prennent une place prépondérante.
Depuis plusieurs années, Renoir passe l'hiver dans le Midi. En 1903, il se fixe à Cagnes-sur-Mer, où il continue de peindre : scènes mythologiques (le Jugement de Pâris, plusieurs versions), odalisques, portraits (Gabrielle à la rose, 1911), natures mortes.
Alors même qu'il a le bras droit paralysé, il fait l'expérience de la sculpture en demandant à des aides de modeler la terre selon ses indications. L'une de ses dernières toiles, les Baigneuses du musée d'Orsay (vers 1918-1919), témoigne de la préférence qu'il a pour la couleur rouge à la fin de sa vie.
7. Citations
« Un sein, c'est rond, c'est chaud. Si Dieu n'avait créé la gorge de la femme, je ne sais si j'aurais été peintre. »
Auguste Renoir.
« Vite, des couleurs [...]. Rendez-moi ma palette. »
Derniers mots d'Auguste Renoir.